On le découvre d’abord par la douceur de sa voix. Puis on l’écoute, vraiment. Et très vite, quelque chose résonne. Dhiren est un artiste, de ceux qui ne viennent pas faire le spectacle, mais qui tissent en musique ce qu’ils n’ont jamais pu dire autrement.
Je l’ai rencontré à Tokyo, un soir de Nouvel An, alors que le ciel brillait de mille promesses. Dans la foule joyeuse, au milieu des éclats et des artifices, sa voix n’était pas couverte par le vacarme. Elle s’en détachait, douce et claire, comme si elle avait trouvé une brèche dans le bruit du monde.
On a parlé sans effort, comme si la langue commune était celle des gens qui savent écouter. Pas de blanc. Pas de façade. Juste cette sensation rare qu’on peut encore croiser des âmes entières au détour d’un carrefour lumineux.
C’est ce soir-là que je l’ai su : Dhiren n’est pas un chanteur de passage. Il est un artiste à suivre.
Élevé entre l’Inde et la Chine, sans jamais vraiment poser ses valises. Un musicien à la fois pudique et profondément sincère, il nous offre des chansons comme des refuges, pour celles et ceux qui n’ont jamais trouvé leur place.
Dhiren chante, écrit, compose. Il ne se revendique ni d’un pays, ni d’un lieu. Mais dans ses chansons, il fait résonner une émotion universelle. Portrait d’un artiste en mouvement, entre mémoire, musique et mélancolie douce.
L’enfance toujours en mouvement
Avant huit ans, Dhiren a déjà habité plusieurs villes en Inde. Puis, ses parents l’emmènent vivre en Chine. Neuf ans à Shanghai, qui vont façonner bien plus que son quotidien.
Avant même de poser des mots sur ses chansons, Dhiren posait ses valises dans des villes qu’il n’avait pas choisies, mais qui l’ont façonné. Né en Inde, il a grandi sur les routes, dans un monde sans ancrage fixe, où les langues se mélangent et les repères se déplacent.
« Avant l’âge de 8 ans, j’ai vécu dans beaucoup de villes différentes en Inde – puis on a déménagé en Chine pour le travail de mes parents. »
De cette enfance tissée de départs, Dhiren garde une ouverture instinctive, une capacité à embrasser les cultures sans les hiérarchiser. Ce n’est pas la Chine qui l’a changé. C’est ne pas s’attacher, c’est vivre en flux permanent.
Et ça laisse des traces. Pas des cicatrices, non. Plutôt des empreintes.
Des couches successives d’influences, de regards, de silences entre deux avions.
Il le dit simplement :
« Je n’ai jamais eu une seule vision du monde, car je rencontrais constamment de nouvelles personnes, de nouvelles cultures. Mon regard est devenu un mélange de tout ça. »



La guitare comme refuge
Il joue pour lui. Pour son cœur, son calme intérieur, ses émotions diffuses qui parfois échappent aux mots. Il ne cherche pas à plaire, mais à se dire, en accords mineurs et refrains discrets.
Pour ce qu’il ne sait pas dire, pour ce qui cogne sans frapper, pour ce qui traverse sans prévenir. La musique, chez Dhiren, n’est ni une ambition ni un divertissement : c’est un territoire secret, un lieu de repli. Quand les mots dérapent ou se dérobent, ce sont les accords qui prennent le relais. Une façon de poser un peu d’ordre dans le chaos sensible.
« Ma guitare est une extension de mon âme. Quand je ne sais pas dire avec des mots, je cherche le son qui ressent pareil. »
L’écriture vient des extrêmes : du vide ou du trop-plein. Quand le silence pèse, ou quand l’intensité déborde. Et puis un air s’invite, une chanson naît — pas pour séduire, mais pour comprendre.
Son processus créatif n’obéit à aucune méthode. Il surgit de ce qu’il appelle “les extrêmes” : le trop-plein, ou le vide brutal. Il y a des jours où l’émotion est si forte qu’elle fige tout. D’autres où la solitude devient une caisse de résonance.
C’est entre ces deux états, presque opposés, que naît sa musique, à mi-chemin entre absence et débordement.
Nomade, encore un peu dans l’âme
Il ne se définit plus comme nomade, au sens strict. Le temps, les projets, les responsabilités ont dessiné un cadre, pas une cage, mais une sorte de territoire temporaire, nécessaire. Pourtant, dans les interstices du quotidien, l’appel du large continue de vibrer. Il ressent encore ce besoin instinctif de découvrir d’autres lieux, même si sa vie actuelle l’ancre ailleurs.
Son regard sur le monde a été sculpté par les voyages, les allers-retours, les fragments d’identités croisées. Il y a tant d’endroits qu’il aime, mais aucun qui le revendique, aucun qui l’étreint pleinement. À force de grandir avec tant de cultures différentes, le sentiment d’appartenance s’est émietté doucement, sans drame, mais sans retour.
« Aucune culture, aucun pays ne peut vraiment dire que je suis le sien. »
Il y a bien des endroits qui l’inspirent, des paysages qu’il chérit, mais aucun ne l’a jamais entièrement retenu.
Même l’Inde, pourtant pays d’origine, ne résonne pas en “chez lui”.
Son chez-lui, c’est peut-être cette mosaïque mouvante, cette errance lucide. Un fil de vie qui ne cherche pas à s’attacher, mais à tisser du lien ailleurs, dans la musique, dans les visages, dans ce qu’il crée.
Ce sentiment d’appartenance diffuse, qui se dilue au fil des rencontres, semble être le fil rouge de son parcours.
Un fil sans nœud fixe, mais tissé d’expériences et d’émotions.


La scène comme vérité
ll y a des lieux qui effacent les doutes. Pour Dhiren, c’est la scène. Là où tout devient clair, même sans mot. C’est une parenthèse où le tumulte intérieur se tait, où le regard du public devient une épaule invisible. Il n’a plus besoin de jouer un rôle, encore moins de se cacher.
Dans cette lumière tamisée, il retrouve une forme d’appartenance. Éphémère, mais précieuse.
« Chaque fois que je monte sur scène, je sens que j’appartiens à cet endroit. Le public veut que tu réussisses. Il veut t’aimer. »
Ce n’est pas tant l’adrénaline qui le porte, mais le lien silencieux qui s’installe. Un accord tacite entre les émotions qu’il chante et celles que l’auditoire projette. Quand il chante, il dépose un morceau de vie. Et s’il perçoit ne serait-ce qu’un écho en retour, alors il sait qu’il n’a pas chanté pour rien.
Ce moment suspendu devient un refuge, celui où il peut exister entièrement, sans se fractionner entre cultures, souvenirs et questionnements. La scène devient alors une vérité, plus forte que l’origine ou l’adresse.

Créer, sinon rien
Il y a des artistes qui créent pour être vus. Dhiren, lui, crée pour respirer. Si la scène l’apaise, c’est dans le silence de sa chambre que tout commence, et que tout recommence. Il n’a pas attendu un public pour composer, ni une validation pour écrire. Il n’en aurait jamais eu besoin.
La création, chez lui, ne vient pas d’une stratégie. Elle vient d’un trop-plein. Ou d’un vide. Elle vient quand les émotions deviennent trop lourdes pour le cœur et trop denses pour le langage. Alors il prend sa guitare, non pour performer, mais pour comprendre ce qui s’agite à l’intérieur.
« Tout a commencé seul, dans ma chambre. Et ça continue comme ça. »
Il n’a jamais été formé au chant. Et pourtant, c’est sur scène, en comédie musicale, qu’il a compris que raconter des histoires par la voix serait sa voie.
Créer n’est donc pas une option, c’est un besoin. Et tant qu’il pourra sentir ce besoin, il écrira. Chanson après chanson, émotion après émotion. Même si personne n’écoute. Même si personne ne comprend. Il le fera quand même.
L’avenir en notes
Il y a dans la voix de Dhiren une retenue pleine de promesses. Comme s’il ne disait pas encore tout. Comme s’il gardait, quelque part, une pièce secrète à ouvrir plus tard, une pièce pleine de chansons encore endormies.
C’est justement ce à quoi il s’attèle aujourd’hui : un album personnel, longtemps resté dans l’ombre. Un projet qu’il a mûri en silence, porté par les années, les épreuves, les fragments d’intime qu’il n’était pas encore prêt à partager. Ce sont des morceaux écrits avec pudeur, parfois même avec douleur, trop vrais pour être chantés à moitié.
Mais cette fois, il veut aller au bout. Les produire pour laisser une empreinte, discrète et sincère.
« Je n’ai jamais sorti ces morceaux pour différentes raisons. Mais je veux maintenant les produire et les partager. »
Dhiren rêve de scènes pleines, de collaborations avec Jon Bellion ou John Mayer, et surtout de laisser une trace, pas une empreinte de célébrité, mais un lieu sûr, pour les âmes cabossées.
Il rêve aussi de scènes pleines, pas de projecteurs. De regards connectés, pas de followers vides.
Il veut construire un lieu sûr, un refuge sonore pour celles et ceux qui se perdent parfois dans leurs propres tempêt
Et s’il devait un jour tout arrêter ?Il baisserait peut-être les yeux. Juste un instant. Car quelque chose en lui sait : ce n’est pas encore fini.
L’humain derrière l’artiste
Dhiren ne parle jamais trop fort. Ce n’est pas qu’il manque d’assurance, c’est qu’il choisit la paix plutôt que le vacarme. Il ne court pas après les grandes phrases. Il cherche l’essentiel : la clarté, la douceur, l’alignement.
Et quand il compose, ce n’est pas seulement pour raconter ce qu’il vit. C’est aussi pour calmer ce qu’il ressent. Sa musique ne frappe pas à la porte. Elle entre doucement, elle apaise les meubles. Elle fait baisser les épaules.
« Le calme, c’est ce que je cherche. J’aime la musique qui calme à l’intérieur. »
Ses plus grandes inspirations ? Ce ne sont pas des lieux, mais des visages. Ce sont les gens croisés, aimés, perdus, retrouvés. Ceux qui l’ont marqué plus que n’importe quel décor. Ce sont eux, surtout, qui ont façonné sa manière de voir, et d’entendre, le monde.
Car au fond, ce n’est jamais une ville qui rend heureux. Ce sont les yeux qu’on y croise, les voix qu’on y garde.
« Les lieux ne sont aussi beaux que les gens qu’on y rencontre. »
À écouter et à suivre
Envie de découvrir ce que la musique de Dhiren te murmure à l’oreille ?
Voici ses liens, pour explorer son univers, guitare à la main et cœur à découvert :
Dhiren
Artiste compositeur chanteur
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Paroles de renard. 🦊