Il filme sans détour, il cadre sans mensonge. Depuis plus de vingt ans, Arnaud TRA BI traverse l’Afrique et l’Europe. De la Côte d’Ivoire à Bordeaux, de Lomé à Nantes, caméra sur l’épaule et conviction dans le cœur. Producteur, réalisateur, formateur, mais aussi passeur d’humanité, il croit encore au pouvoir de l’image pour déplacer les regards, révéler les voix et ne pas oublier.
On s’est rencontrés en Guinée équatoriale, à une époque où rien n’était encore posé, ni nos vies, ni nos titres, ni nos certitudes. Mais lui, il avait déjà ce truc.
Entre le bruit doux des rushs, il portait déjà en lui le sens de l’image, du son, de la lumière et des autres. Il savait capter un visage sans voler l’âme. Saisir un silence sans le remplir. Nommer ce que beaucoup préfèrent effacer au montage.
J’ai tout de suite su qu’il y avait du talent brut et une vision rare chez lui. Il comprenait ce qui se passait dans le cadre,
et peut-être encore plus ce qui fuyait hors-champ.
Depuis, de fils en images, il est devenu mon frère. Pas seulement un frère de création. Un frère d’instant. Un frère de silence. Un frère de terrain.
Entre les rives, il crée des ponts
Quand on lui demande ce qu’il fait dans la vie, Arnaud pourrait parler de ses casquettes, vidéaste, consultant, formateur, réalisateur technique pour de grandes chaînes africaines comme Medi1TV, Voxafrica ou Asonga.
Il pourrait aussi citer ses expériences pédagogiques, ses projets de terrain, ou ses collaborations avec des écoles comme Mozaïk Studio.
Mais Arnaud ne se définit pas par un titre. Il se définit par un engagement.
Celui de donner la parole sans l’arracher, de filmer sans effacer, et de faire dialoguer les mondes.
Et il en a vu, des gens qui empilaient les titres sans en porter le sens. Sans vision, ni voix.
Lui refuse d’en faire partie. Il préfère construire qu’afficher.
Depuis la France, il continue de bâtir des liens vivants entre les jeunesses d’ici et celles de la Côte d’Ivoire. Pas dans les discours, dans les actes.
À Nantes, il œuvre comme réalisateur chargé des médias pour le Fecojazz, un festival qui fait résonner les voix afrodescendantes et les énergies créatives du continent. Il y accompagne les artistes, coordonne les images, capte l’essence d’un événement pensé comme un espace de transmission.
Il est aussi membre actif de Codijazz, collectif engagé dans la médiation culturelle entre les territoires. Et membre de l’UJocci, l’Union des Journalistes Culturels de Côte d’Ivoire, parce que l’image n’est rien sans une parole qui l’accompagne, sans un récit qui la prolonge.


L’image comme arme douce
Arnaud TRA BI croit encore qu’un film peut changer quelque chose. Pas comme une utopie naïve, mais comme une certitude d’artisan.
« Un film peut faire changer de regard, d’opinion sur quelque soit le sujet dont on a besoin de réponse. Un film peut changer la vie d’une personne, socialement parlant. »
C’est simple, presque trop. Mais il n’a pas besoin d’en faire plus, car il sait que les images les plus fortes sont souvent les plus calmes.
Alors il filme. Des villages oubliés. Des jeunesses invisibles. Des patrimoines qu’on oublie de transmettre. Et dans chaque plan, il glisse un espoir : que ce qui est vu ne puisse plus être nié.
Arnaud relie les voix des jeunes, les cultures du continent et les récits oubliés. À l’image, il offre un langage : direct, sincère et profondément humain. Cette façon de tenir une caméra comme d’autres tiennent une main : sans trembler, sans brusquer, avec un respect invisible mais solide.
Côte d’Ivoire, sanctuaire vivant
Son projet le plus intime, celui qui l’empêche de dormir mais le pousse à se lever, s’appelle “Côte d’Ivoire, sanctuaire de biodiversité”. Depuis 2018, il porte ce projet comme on porte un feu : fragile mais tenace.
Ce n’est pas juste un tournage. C’est un acte de mémoire. Arnaud est allé là où les promesses d’État ne vont jamais. Il a écouté des jeunes autochtones parler de leur terre, de leurs déceptions, de ce qu’ils n’osent plus espérer. Et il a enregistré leurs voix. Pour que ça existe, au moins quelque part.
« Une série documentaire sur le patrimoine naturel et culturel dont regorge la Côte d’Ivoire. »
Dans ses images, il glisse des clins d’œil aux populations locales, à leurs gestes, leurs traditions, leur résistance. Mais il n’édulcore rien. Il filme aussi les cicatrices : les conflits d’usage, les tensions, les oublis administratifs, les responsabilités diluées.
C’est un projet personnel, écrit de ses mains, porté avec des moyens modestes mais une vision claire. Pour l’instant, il est en pré-tournage. Mais déjà, le film existe.
Il existe dans ses repérages, dans ses plans volés, dans cette envie de raconter ce qui se cache derrière le vert des forêts: la vie, la vraie. Celle qui ne plaît pas toujours “aux gens d’en haut”, mais qui mérite d’être vue. Et entendue.






Ce que les autres ne voient pas, au-delà du champ
Mais si Arnaud cadre si bien le monde, c’est peut-être parce qu’il a longtemps cadré de travers sa propre vie.
Il y a des plans qu’on fait sans y penser, comme on respire. Et puis il y a ceux qu’on ne fait pas. Parce qu’on n’ose pas.
Parce qu’on ne sait pas où poser l’œil. Parce qu’on ne sait plus quoi regarder.
Arnaud, lui, sait. Il sait que l’objectif n’est pas un outil de domination, mais un outil d’écoute.
Il ne filme pas pour montrer, il filme pour relier. Il cadre pour donner une place, pas pour en voler une.
C’est une autre manière d’habiter l’image. Une manière de dire : je suis là, mais je ne parle pas à ta place. Je te regarde, mais c’est ton regard que je veux faire exister.
Ses plans capturent l’essentiel : un silence qui en dit long, un rire qu’on n’attendait pas, une main posée sur une autre.
« Je fais en sorte que les gens s’expriment. Je ne prends pas la parole à leur place. »
Et Arnaud ne triche pas. Ni en amitié, ni en tournage. Et parfois, cette générosité se retourne contre lui. Des engagements tenus malgré tout. Des nuits blanches pour des causes que d’autres ont vite oubliées. Parce qu’il croit que l’image peut réparer, et que l’humain vaut toujours qu’on s’y attarde.
« Je donne tellement tout, les yeux fermés et sans rien attendre en retour.. que parfois, j’oublie de penser à moi. »
Il ne compte pas ses heures. Il pense aux détails que d’autres oublient. Et même dans les zones d’ombre, il trouve la lumière.
Mais il tient, il apprend. Et peu à peu, il se recentre, comme il le dit lui-même. Il ne change pas : il affine.
Et dans cette caméra tenue à hauteur d’homme, il y a une forme de promesse : ne pas trahir. C’est peut-être ça, sa ligne esthétique. Ou peut-être que ce n’est pas de l’esthétique.
Peut-être que c’est juste une forme de respect.

La modestie n’est jamais récompensée, et il le sait.
Il ne demande pas à être vu. Il ne court pas après les titres, les médailles ou les génériques déroulants.
Mais après tant d’années à coordonner, encadrer, structurer les projets des autres, il aimerait qu’on reconnaisse ce qu’il construit. Pas pour la gloire. Pour la vérité du geste.
Parce qu’il produit, il impulse, il fait tenir debout, souvent dans l’ombre et toujours avec rigueur. Et dans ce métier où les projecteurs n’éclairent que le sommet de la pyramide, il continue d’œuvrer, là où les fondations se posent.
« Ce n’est pas mon nom que je veux voir affiché.. je veux que ce soit mon travail qu’on retienne »
Il ne le dit pas avec arrogance. Il le dit parce qu’il sait ce qu’il a construit, avec ses mains, ses images, ses silences. Il ne cherche pas les applaudissements. Il cherche une place juste, à la hauteur de ce qu’il a déjà donné. Juste pour que ceux qui regardent sachent… où poser les yeux.
Ce genre de héros
Arnaud préfère éclairer. Pas besoin de projecteurs, quand une simple lumière suffit à faire apparaître l’essentiel.
Il pose ses images comme d’autres posent des questions : avec justesse, avec foi, avec l’idée qu’un regard peut tout changer.
Arnaud, c’est un héros de l’ombre. Un héros de l’image, car il sait faire éclater la vérité à la lumière d’une LED.
Parcourant les continents, de la Côte d’Ivoire à la France, pour relier ce qui reste trop souvent séparé.
Et si on lui demande ce qu’il veut qu’un jeune Ivoirien dise aujourd’hui, au micro qu’on lui tendrait,
il répondrait simplement :
« Que sa voix compte. Même si on ne l’a jamais entendue avant. »
Arnaud, c’est ce genre de héros que la modestie colle à la peau, et que la chaleur humaine illumine.
Comme tous ces bâtisseurs discrets, qui ne reçoivent aucun prix pour leur humilité, Arnaud TRA BI mérite, quant à lui, d’être connu. Et reconnu.
ARNAUD TRA BI
Promoteur Culturel | Media & TV Producer
Instagram : @arnaud.tra.bi
LinkedIn : @arnaud.trab.bi
Youtube : @SerjOlyar
Découvre aussi, Coline Metra : Le souffle d’une voix libre, note après note.
Paroles de renard. 🦊